Possibilités techniques et organisationnelles pour la réduction de l'ammoniac

Possibilités techniques et organisationnelles pour la réduction de l'ammoniac

Moins d'ammoniac dans l'air contribue de manière décisive à assainir l'air respirable et entraîne une diminution des dépôts d'azote dans les écosystèmes sensibles. Il existe des mesures rentables pour réduire les émissions d'ammoniac provenant de l'agriculture et elles ont déjà été mises en œuvre. Un certain nombre de mesures ont été documentées et évaluées dans une série de rapports. Le choix des mesures à prendre au niveau de l'exploitation dépend d'un certain nombre de facteurs. Le Code cadre de pratiques agricoles de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (Groupe de travail de la CEE-ONU sur l'azote réactif) décrit des techniques possibles pour réduire l'ammoniac via la gestion des effluents et la gestion des batiments.

 

 

1. Amélioration de l'entreposage du fumier et lisier agricole

Les émissions d'ammoniac provenant du lisier et du fumier peuvent être réduites en réduisant la surface exposée à l’air libre. Mesures possibles :

  • le recouvrement des fosses à lisier/fumier et des silos avec une couverture rigide ou souple ou une couverture naturelle (plastique, paille ou écorce)
  • Réduction des canaux de boues
  • Stockage à sec

Entreposage extérieur, où il fait plus frais, plutôt que sous le plancher.

2. Techniques à faibles émissions pour l'épandage de fumier agricole

Il est très important de minimiser les pertes d'azote lors de la fertilisation dans le champ afin que l'ammoniac qui ne s’est pas volatilisé dans l'étable ou pendant le stockage ne soit pas perdu ici. Les techniques d'application qui réduisent les émissions sont de recouvrir le lisier/fumier de terre directement ou immédiatement après l'application ou sinon faciliter l’infiltration de l'engrais. Ces techniques comprennent :

  • Pendillards à tubes trainés ou à sabots trainés
  • Méthode d'injection, par ex. cultivateur
  • Incorporation immédiate ; des pertes d'ammoniac allant jusqu'à 90 % peuvent être évitées si le fumier est incorporé en quelques minutes. Une application dans les 4heures permet de réduire les émissions par 65%.
  • Dilution du lisier d'au moins 50 pour cent à basse température, par ex. par des systèmes d'irrigation

3. Acidification du lisier

Les engrais agricoles ont généralement un pH plus élevé et sont alcalins. En acidifiant la boue à un niveau neutre ou à un pH de 6, les émissions d'ammoniac sont réduites d'au moins 50 %. Dans l'agriculture conventionnelle, on y parvient en ajoutant de l'acide sulfurique. Un procédé d'ajout automatique d'acide sulfurique pendant l'application est déjà sur le marché et est utilisé dans tout le Danemark.

La procédure est souvent questionnée. Elle doit à tout moment veiller à éviter tout risque pour le personnel, les animaux et l'environnement. L'efficacité augmente au fur et à mesure que l'acide est ajouté. L'acidification dans l'étable fait donc l'objet de discussions intensives en Allemagne.

4. Stratégies d'alimentation des animaux d'élevage

Chez les ruminants, les surplus de protéines brutes dans l’alimentation augmentent les rejets azotés. La composition et la gestion de l'alimentation ont donc une forte influence sur les émissions d'ammoniac. Si l'on s'assure que les animaux d'élevage ne sont pas nourris avec plus de protéines que nécessaire selon leur âge ou pour atteindre le niveau de performance souhaité, les rejets d'azote peuvent être réduits. La réduction des émissions par unité de production nécessite une bonne gestion de l’élevage et une utilisation optimale des aliments. La génétique animale, les conditions d'élevage et les connaissances en matière de soins aux animaux sont des conditions préalables à une bonne santé animale.

Les méthodes d'alimentation suivantes aident à réduire les émissions d'ammoniac.

  • L'utilisation de matières premières à faible teneur en protéines
  • Réduire l'excès d'apport en protéines en adaptant la formule avec les recommandations par âge, poids, stade de lactation etc…
  • Augmenter la performance de la vache en augmentant le nombre de lactations permet la réduction des émissions d'ammoniac par unité de production laitière.

5. Limitation des émissions d'ammoniac lors de l'utilisation d'engrais minéraux aziotés

Les pertes d'ammoniac dues au nitrate d'ammonium (NH4NO3) ne représentent généralement que 0,5 à 5 % de l'azote total appliqué. Le phosphate d'ammonium, le sulfate d'ammonium, l'urée et l'urée ammonium N peuvent avoir des pertes et donc des émissions beaucoup plus importantes. Selon l'ordonnance modifiée sur les engrais, les engrais à base d'urée doivent être pourvus d'un inhibiteur d'uréase qui empêche la formation d'ammoniac. En France ses inhibiteurs font l’objet de débat et d’un rapport de l’ANSES. Il est également possible d’incorporer ou d’injecter les engrais immédiatement.

6. Optimisation de la gestion opérationnelle de l'azote

Les recommandations en matière de fertilisation basées sur des analyses du sol et des plantes fournissent des valeurs indicatives sur les besoins en éléments nutritifs des cultures arables et des prairies. De cette façon, la sur fertilisation, qui entraînerait des émissions, peut être évitée. Le bilan à la ferme est la différence entre tous les apports d'azote au niveau de la ferme (engrais, aliments, litière, animaux, ainsi que la fixation de l'azote par les légumineuses et les dépôts atmosphériques d'azote) et l'élimination totale de l'azote dans les produits (plantes, animaux, fumier). Depuis 2018, le bilan des flux de matières s'applique à toutes les exploitations de plus de 30 ha de surface utile si leur cheptel dépasse 2,5 GV/ha ou si elles disposent de plus de 2 000 postes d'engraissement de porcs.

 

 

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